Louis-Paul Ordonneau

Finaliste du Prix 24H présenté lors de la Nuit de la photo 2023

En interrogeant, la représentation du pauvre et de la misère, j'ai essayé de conduire une réflexion serrée sur l’imagerie contemporaine.


Bien plus qu’une réflexion sociale, c’est l’image même de l’image acceptable que j'interroge. En regardant les photos comme en suivant la narration proposée, je cherche à intéresser le spectateur pour qu'il trouve joli ce qui est joli, surprenant ce qui est étonnant et véridique ce qui semble l’être.

Pourtant indicible et pourtant apparent, peu clair mais trivial, c'est la façon même de raconter notre société spectaculaire digérée que je reprends. Je donne à lire des histoires telles qu’on veut les entendre en faisant regarder des images telles que l’on veut les voir. Faisant cela je veux rappeler que nous savons plus voir. Ce serait la preuve qu'un monde factice nous a bien totalement envahi. Nous ne savons plus penser ou regarder sans lui. 

C'est dérangeant de s'en rendre compte.

Au travers de minces, subtils et peu clairs indices, le lecteur-spectateur peut le noter. Pourtant c'est trop gros pour être faux, comme les poses et les attitudes du couple de junkies, photographié comme des sculptures grecques. 

Pour mes histoires, j'ai construit les photographies en suivant lescodes de l’image originale, l'image documentaire. En parallèle, j'ai obéi aux principes d’une narration visant à faire naître l’empathie. Puis j'ai dosé les deux pour faire naitre parfois le mystère sans qu’il soit trop total, et parfois un peu de rêve, suffisamment pour qu’on y croie.

Le spectateur-lecteur peut appréhender alors la vraie nature du mensonge : celle de ressembler à la vérité. 

J'aurai du le dire à travers d'histoires installées dans des mondes de riches et de fameux comme ceux des magazines. Mais j'ai pensé que personne n'a de pitié pour les riches.

Paradoxe du comte de la petite fille aux allumettes, au fin fond de l’exploitation des hommes et de leurs sentiments, de la vilénie gratuite qui fait écho aux plus sombres de nos sangs, faut-il blâmer nos coeurs d'artichaut ou ceux qui s'en servent ?

Louis-Paul Ordonneau

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