Louis-Paul Ordonneau

Alain Finkielkraut a presque raison ou vérité contre réalité.

Pour donner suite à un excellent entretien avec Alain Finkielkraut au sujet des éoliennes qui transforment notre paysage ( lien ). 

Convoquer les peintres pour justifier que les éoliennes sont moches est un peu exagéré  d’autant plus qu’il est vrai que plus personne n’a rien à faire de la peinture et de l’avis des peintres aujourd’hui. 

L’argumentation autour du beau dans l’entretien est gentil mais depuis Poussin il y a eu quelques peintres qui sont passés et la réflexion sur l’acte et le sens de la peinture ont continué d’avancer. 

Des éoliennes petites, grandes, grosses, très grandes ou toutes petites dans le paysage, ce n’est pas le sujet. Alain est hors sujet.

Le problème sera qu’il y en ait partout. Le problème sera la victoire absolue de la nouveauté. Voilà notre problème à tous.
Le culte du nouveau hypnotise notre époque. Ce culte est une offense à la nature et à la dignité humaine. Et de nous demander pourquoi nous nous renseignons moins de la beauté d’un objet que de ses qualités pratiques. La menace de la nouveauté est constante.

Le danger de la nouveauté est qu’elle n’est ni belle ni laide, elle est neutre. Tant qu’elle ne sera pas écartée, elle prolongera indéfiniment la décadence du goût et elle démoralisera tous ceux qui de près ou de loin ont à faire avec la création. La laideur est un mal mais la beauté souveraine aussi alors pourquoi le neutre n’est il pas la solution pense notre époque? 

Si affligeante que soit la perspective d’une démoralisation générale par le neutre elle seule sera capable de convertir le public, de l’amener à renoncer à la nouveauté, et en même temps à tous ces motifs d’ornementation qui lui procurent une satisfaction si irréfléchie. 

Dans toute véritable oeuvre d’art il existe un mensonge indétectable, une imagination inexplicable, des suppositions improuvables, quelque chose d’artificiel et d’anti-naturel.  Et sous cet angle, les éoliennes font force d’art de nous révéler la nature et notre nature humaine. Elles sont le totem de la démoralisation moderne. Alors cette fois ne faut-il pas laisser faire?

Pour l’autre question, celle de la beauté du monde, cela fait très longtemps que les artistes ont dépassé le sujet de la belle nature et de sa représentation. 

On comprend bien que là où le sol s’est enlaidi, là où toute poésie a disparu du langage, les imaginations s’éteignent et les esprits s’appauvrissent.

Mais le sujet est d’avantage qu’aujourd’hui il devient de plus en plus urgent de rendre connu l’inconnu.

Merci encore Monsieur Finkielkraut pour votre entretien qui donne envie de réagir ! 

Ce n’est pas neutre.

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